Ce 4 juillet, la mission parlementaire sur la transition des stations de montagne que je co-rapporte, s’est rendue sur le terrain en Haute-Savoie.

De Chamonix à Cordon, en passant par Les Gets, cette journée d’échanges a mis en lumière les défis, mais surtout les dynamiques de transformation portées localement. Sur les questions de gouvernance, de diversification ou encore de jeunesse, les solutions existent et elles s’inventent sur le terrain.

 

Repenser les infrastructures face au changement climatique

 

La visite a débuté à Chamonix par un échange avec la Compagnie du Mont-Blanc, entreprise à mission emblématique, pour évoquer l’évolution des équipements et les contraintes croissantes liées au dérèglement climatique.

L’exemple de la reconstruction du téléphérique des Grands Montets illustre l’ampleur des défis : sols instables, coûts d’investissement majeurs, complexité juridique. Ces échanges ont aussi souligné la fragilité financière de certaines structures publiques locales, comme la SPL de Tignes, et rappelé que toute décision doit désormais s’inscrire dans une approche collective et durable.

Cordon : une vision d’avenir portée par les enfants

 

À Cordon, les élèves de CM2 nous ont présenté leur projet « Cordon dans 50 ans ». Fruit d’un travail d’observation du village et de rencontres avec ses acteurs (agriculteurs, commerçants, office de tourisme, élus…), leur vision du futur est riche et structurée. Ils imaginent un territoire plus vert, plus solidaire, et toujours habité :

• • Des fermes actives et préservées,
  • Des commerces de proximité maintenus ou recréés,
  • Des activités touristiques variées comme la luge, le VTT ou le parapente,
  • Une biodiversité renforcée, avec de nouveaux arbres, un jardin botanique et une meilleure gestion des espaces,
  • Un urbanisme plus concentré, pensé avec les agriculteurs pour préserver les terres agricoles,
  • Des équipements culturels et de loisirs ancrés dans le patrimoine local.

Ce regard des enfants – lucide, ambitieux et concret – est un signal fort : la transition doit être pensée pour eux et avec eux.

 

Stations de ski : un modèle en tension, une gouvernance à réinventer

 

Les élus de Cordon ont partagé un constat sans appel : le modèle économique fondé uniquement sur le ski est en crise. Avec une saison écourtée à 20 jours en 2023 et des investissements lourds à venir, la commune cherche à se réinventer.

Malgré des freins qui compliquent cette transformation, la volonté est forte. Cordon souhaite devenir un village de montagne plutôt qu’une station de ski, où le ski devient une activité parmi d’autres, au service d’un projet global mêlant agriculture, patrimoine, tourisme doux et vie locale.

Aux Gets, la diversification n’est pas un projet, c’est une réalité. Avec des infrastructures ouvertes été comme hiver (luge 4 saisons, VTT, parcours lumineux, golf, base de loisirs), la commune a su créer un modèle économique équilibré, solide, et résilient.

Quelques chiffres parlent d’eux-mêmes :

• • Plus de 560 000 passages VTT en 106 jours d’ouverture,
  • 85 000 passages annuels sur la luge 4 saisons,
  • 15 % du chiffre d’affaires de la SPL locale issu des activités hors-ski,
  • Et une gouvernance stable entre la mairie, la SPL et l’office de tourisme.

Cette réussite repose sur l’anticipation, l’engagement du tissu associatif et une capacité à fédérer la population autour d’un cap clair.

 

Pour une montagne vivante, toute l’année

 

Ces échanges renforcent une conviction : la transition des stations de montagne ne peut être dictée d’en haut. Elle doit partir du terrain, des habitants, des élus, des professionnels, pour construire des solutions sur-mesure. À Cordon comme aux Gets, on invente déjà cette montagne de demain : diversifiée, habitée, attractive, durable.

C’est en nous appuyant sur ces retours de terrain que nous continuerons à faire avancer le travail engagé pour repenser les politiques d’aménagement, d’équipement, de logement et de gouvernance. Car au fond, il ne s’agit pas seulement de sauver des stations de ski : il s’agit de garantir un avenir à nos territoires de montagne.