Collectivement, nous ne pouvons que regretter ce qu’il se passe en séance publique à l’Assemblée nationale.
Peu importe ce que nous pouvons penser de la réforme : des divergences d’opinion sont normales, saines et même nécessaires dans une démocratie.
Mais ralentir, pour ne pas dire empêcher, le débat de fond sur un texte si important pour les Françaises et les Français est honteux.
A 15 heures, 12h44 de séance ont été consacrées à la réforme des retraites dont 3h40 de suspension et de rappels au règlement. 238 amendements ont été examinés dont 205 identiques.
Il resterait dès lors 36 476 amendements soit, avec les postures actuelles, 1 643 heures de séance.
Le propre des démocraties est d’offrir aux citoyens et à leurs représentants des instances permettant de garantir un débat éclairé et serein.
Priver ces instances de ces débats revient à en priver notre société.
Or, avec la multiplication d’amendements identiques, l’opposition détourne le droit d’amendement pourtant sacré et indispensable pour les parlementaires.
Globalement, sur l’ensemble du texte, 41 396 amendement ont été déposés dont 30 544 identiques.
Le groupe GDR a ainsi déposé 13 031 amendements dont 715 séries d’identiques. Le groupe LFI a quant à lui déposé 23 147 amendements dont 1 360 séries d’identiques.
En outre, de nombreux sous-amendements rédactionnels sont encore déposés et visent, par exemple, à substituer le mot « pas » par le mot « aucune », les mots « pas une » par le mot « aucune » ou encore le mot « des » par les mots « tous les ».
Ces pratiques sont certes critiquables mais surtout regrettables. Elles viennent nuire au débat d’idées et de fond, pourtant attendu et souhaitable pour nos citoyens.
Je le répète : les philosophies peuvent diverger et les avis peuvent être contradictoires.
Le temps de parole des partis dits d’opposition au sein de l’hémicycle atteste d’ailleurs de la garantie de ce droit : les groupes Les Républicains, Gauche Démocrates et Républicaine et La France Insoumise ont disposé chacun de 20% du temps de parole et le groupe Parti Socialiste de 10%.
Cependant, user de ces droits pour empêcher un débat de fond n’est pas digne.
Si les responsables politiques ne permettent pas le débat au sein des instances prévues à cet effet, où ce dernier se fera-t-il ?
Les espaces publics sont déjà suffisamment marqués par des tensions et des violences pour les attiser davantage.
Tous ensemble donc, prenons nos responsabilités, montrons l’exemple et débattons de manière qualitative et respectueuse !